Nous voici donc dans la région la plus à l’est du pays, l’East coast, et sa ville principale : Gisborne. Nous avons l’adresse de Lesley, notre hôte pour la semaine, mais nous n’en savons pas plus car nous n’avons pas réussi à la joindre directement par téléphone. Première surprise, la maison est immense et la propriété plus encore. On pensait qu’il s’agissait d’une boutique de vins et c’est en réalité un vignoble qui produit, entre autres, du Chardonnay, du Cabernet et du Gewurztraminer (si jamais un jour vous entendez parler des vins Witters…). Pas mal ! On sait aussi que la propriété accueille un festival de musique pour le Nouvel An, au milieu des vignes. Re-pas mal ! Reste à trouver le propriétaire des lieux. Notre premier contact : des jeunes qui se prélassent autour de la piscine (oui, oui) et qui nous informent que la proprio, qui est donc une femme, est à la pêche. Ok, mais euh, vous êtes qui vous alors ? Réponse : « On bosse sur le festival ». Ok. De toute façon, on n’en saura pas plus. On part donc faire un petit tour de la propriété, en attendant que Lesley revienne, afin de pouvoir se présenter (en bonne et due forme) et de décharger la voiture. En revenant, on croise encore des gens qui ne vivent pas là, qui bossent sur le festival et qui ne savent pas trop (ou ne veulent pas trop ?) nous l’expliquer. Certains, cependant, affirment vivre ici… Puis, les Wwoofeuses qui devaient partir le matin même arrivent et, heureusement pour nous, nous expliquent un peu la situation. Nous sommes au lendemain du festival Rythm & Vines (tout de même 17.000 festivaliers, à $150 le billet, faîtes le calcul !) et il y a donc encore pas mal d’artistes autour de la maison, ainsi que l’équipe organisatrice, des potes, des potes des potes, des potes qui vivent apparemment ici et d’autres non, des qui squattent, les enfants de Lesley qui bossent sur le festival ou qui squattent, eux aussi, et qui ont bien sûr des amis qui ont des amis qui ont des amis… Bref, l’équation totale nous donne (après une semaine de pratique) : Scott, 34 ans, le fils aîné de Lesley et directeur du festival, Andrew son frère, 26 ans et co-directeur de l’événement, Tom et Hamish, des mecs qui bossent et habitent ici (production et direction artistique), auxquels on ajoute, vite fait, leurs copines. Sans oublier Christine (responsable de l’événementiel), qui bosse ici sans y habiter. Un peu compliqué tout ça !
Sur ce, Lesley arrive et nous dit bonjour rapidement… avant de partir faire autre chose. On apprendra (à nos dépens) qu’il est très difficile de finir sa phrase lorsqu’on parle avec Lesley, tellement elle est sollicitée. Ce sont nos quatre Wwoofeuses allemandes qui se chargeront de nous montrer l’essentiel de notre boulot. Le matin, la routine. Nettoyer toute la cuisine : en gros, faire tourner le lave-vaisselle et maintenir la cuisine en état (poubelles, plan de travail, éviers, sol…). Tout en sachant, le premier jour, que Lesley a prévu de faire un barbecue pour 16 personnes et que ça fera certainement beaucoup de vaisselle (mais nous n’avions encore rien vu). Notre job est également d’entretenir la piscine, de « souffler » les feuilles hors de la terrasse, de ramassage les feuilles de Puka (encore un arbre du coin), de nettoyer le BBQ, de laver les serviettes de toilette que tout le monde utilise en oubliant de les ranger, ou du moins en oubliant de les étendre, voire même de les ramasser. Et en plus de faire nos 4 heures et demie de taf par jour, on devra s’occuper du repas du soir. Deal conclus ! Nous, du moment qu’on passe du bon temps, qu’on apprend des choses et qu’on mange bien, on est prêt à bosser !!!
Sauf que, premier bémol, les allemandes nous expliquent qu’elles sont en quelque sorte les bonniches de la maison et que Lesley ne se soucie guère du fait que tu aies fait ton temps ou non. Elle te redonne sans arrêt du boulot supplémentaire. Les filles auraient passé leur première semaine à bosser 8 heures par jour… Bon, ceci dit, elles sont tout de même restées un mois complet, c’est qu’il devqit y avoir du positif.
Et, lueur d’espoir, Lesley devrait partir le lendemain soir pour voir une de ses filles à l’étranger. Tout le monde nous dit alors qu’on a vraiment du bol qu’elle parte et qu’on sera plus tranquille. En même temps, on se dit que, pour un Wwoofing, c’est un peu dommage que la maîtresse de maison parte. Surtout que, côté partage du style de vie Kiwi, les fils nous ont carrément oublié, s’ils ont ne serait-ce que pigé qu’on était là !! On espère juste qu’ils achèteront à manger… Alors, pour tout vous avouer, à ce moment précis, je suis carrément déçue et je n’ai pas du tout envie de rester. On fait de « Willing Work on Organic Farm », censé nous permettre de partager des choses, tout ce qu’on partage est un frigo rempli de bières (Jibé > eh, perso, ça me va pas si mal que ça comme partage !). Et si les vignes sont certainement bio, on apprend vite à repasser derrière tout le monde pour trier les poubelles et mettre le verre avec le verre, le plastique avec le plastique, etc.
Mais bon, mon Jibé me rassure en me montrant les bons côtés de ce nouveau Wwoofing. Il y a une piscine, des belles vues, la maison est immense et notre chambre pas mal non plus (même si le matelas est encore un de ces satanés bouzilleur de dos à ressorts si courant en NZ). Il y aussi assez de bières pour maintenir Tonton Alain éveillé pendant 300 ans, du vin de la propriété à foison et du mousseux pas dégeu. D’autant plus que Lesley nous dit : « servez-vous » sans compter. Le job n’est donc pas si terrible que ça mais, au moins, on sera autonomes. Et, dans le jardin, on compte des avocatiers, des mandariniers et des arbres à noix de macadamia. De plus, notre première soirée se passe bien, on mange bien, on boit quelques bières, on discute avec des gens qui ne vivent pas ici et ça roule.
Le lendemain, on commence notre journée. Jibé découvre alors qu’il va devoir refaire l’éducation des jeunes qui utilisent la cuisine et, surtout, leur montrer que nous sommes Wwoofeurs, pas domestiques à temps plein. Nous sommes, je pense, tombés dans une famille assez aisée, avec une grande maison où tout le monde est invité et où les gens, bien souvent, oublient leurs bonnes manières… Moi, ça commence à me gonfler. Jibé, lui, ça le fait marrer (of course). Jusqu’au moment où, vers 4 heures 30 du mat’, Hamish décide de monter le son et de réveiller vos voyageurs préférés (bien entendu, maman est partie, les souris dansent, boivent et fêtent officiellement la fin du festival). Le problème étant que, même avec les boules Quiès, la techno résonne comme un marteau-piqueur et qu’on ne peut rien y faire (Jibé > forcément, avec la sono récupérée du festival branchée à fond sous nos fenêtres, rejoindre Morphée semblait de plus en plus être un rêve inaccessible !)… Le lendemain, légèrement dans le brouillard, on constate simplement les dégâts de la veille. Une tempête a retourné la cuisine. Une tempête que même les créateurs d’American Pie n’auraient pu imaginer !!!! Trois personnes, non identifiables, dorment sur le canapé. Hum, dommage, on a un lave-vaisselle à faire tourner et des assiettes à « entrechoquer »… euh, je veux dire « ranger » !
La suite ? On se dépêche de faire nos 4,5 heures avant de préparer des sandwichs et de partir loin de cette maison de barges. Au passage, Jibé explique à qui veut bien l’entendre que c’était un peu salaud de monter le son de la musique en pleine nuit et rembarre gentiment une fille qui voulait qu’on lui fasse son café… Et moi, au passage, je vais faire nos sandwichs avec tous les trucs que j’ai planqué dans le bac à salade et le pain que j’ai caché dans la chambre (Jibé > Ouh, c’est pas bien ça de cacher de la nourriture… Mouais, enfin il faut avouer que si elle ne l’avait pas fait, je ne sais pas ce qu’on aurait bien pu mettre dans nos sandwichs ce jour-là. Je ne sais même pas si on aurait pu se faire des sandwichs ! 25 personnes qui se servent librement dans un frigo, même si ce dernier fut bien rempli au départ, ça finit inéluctablement par faire des ravages). Ici, c’est le Far West ! Si tu veux quelque chose, il faut le prendre quand il y en a. D’ailleurs, heureusement qu’il y a des avocats, des œufs et du café parce que, sinon, à manger, bah… il y a de la bière ! What else ? Passons. Vers 13 heures, on décolle pour la Tolaga Bay où se trouve le plus grand ponton de Nouvelle-Zélande. 660 mètres dans la mer et l’océan Pacifique qui s’ouvre à vous ! Ca fait vraiment du bien. Au retour, on s’arrête pour apercevoir le village où fut tourné Whale Rider, le film dont on vous parlait dernièrement. Une petite excursion qui nous fait elle aussi du bien et qui nous permet de nous évader de cette ambiance de dingue. Car la fête n’est pas finie et, comme dirait Jibé : « la bière, bien souvent, c’est le nerf de la guerre ». Justement ! Les jeunes qui s’occupaient du camping rapportent un cadi de bières qui va s’installer sur la terrasse et qui y restera plusieurs jours. Jibé > Une explication s’impose. Plutôt que de cadi de bières, il s’agissait plutôt d’une montagne de cannettes de bières (honnêtement, plus que j’en ai jamais vu dans ma vie) entassées dans un chariot de supermarché, dans deux cartons et une énorme glacière… Je suis incapable de faire une estimation mais les cannettes se comptaient en centaines (voire plus !). En fait, l’idée est venue d’Andrew, vous savez, le fils cadet et co-directeur du festival. Sur le camping, plutôt que de faire payer les festivaliers pour recharger leur portable ou pour avoir une source d’électricité, l’accès se monnayait en canettes de bière. Une bière pour une recharge de portable. Perso, je trouve l’idée assez bonne, à condition de savoir quoi faire des bières récupérées… Vous me suivez ? On ramasse toutes ces bières, on attend la fin du festival, on fait le tour du camping et on récupère également toutes les bières oubliées (!!) par les festivaliers, on met le tout dans un chariot et vous connaissez la suite ! A partir de cet instant, c’est tout comme s’ils étaient en mission : finir toutes ces bières ou mourir (ou, peut-être, finir toutes ces bières ET mourir…). Imaginez une orgie de bière pendant trois jours et trois nuits et vous ne vous approcheriez que de très loin de la vérité. Ces Kiwis, croyez-moi, ils ne plaisantent pas avec leurs bières. Et pourtant, même à une dizaine de furieux, ils n’ont pas vaincu le chariot ! Pas loin, mais pas ! Ce qui m’a permis, un peu tous les jours et encre aujourd’hui, de parfaire un peu plus ma connaissance de ces boissons maltées néo-zélandaises. Tiens, petite question pour les lecteurs assidus et mordus de quizz : seriez-vous capable de donner mon Top 3 actuel des bières néo-zélandaises ? Sur ce, je rends la parole à Lulu…
Pourtant, cette deuxième soirée est plus agréable que la première. Il y a pas mal d’internationaux qui parlent plus facilement (ou alors c’est moi qui les comprend mieux) et l’ambiance est plus agréable. Les gens sont ouverts. Bon, d’accord, ils font des beer-pongs (jeu d’adresse inspiré du ping-pong et qui nécessite une grande quantité de bière, une table, une balle de ping-pong et des gobelets en plastiques) et des concours de descente de bières, le plus vite possible. Mais ils rangent un minimum et, surtout, ils ont apporté des pizzas !!! Cool, on va pouvoir manger quelque chose.
Mais, ce qu’on ne savait pas, c’est que les deux plus gros buveurs de bières de la soirée (des jumeaux qui doivent être des triplés si l’on considère la forte ressemblance physique et psychologique qu’ils ont avec Stifler, crétin invétété du film American Pie) reviendraient pour finir le cadi de bières. Donc, le lendemain, pour nous donner du cœur à l’ouvrage, ils eurent la charmante idée de venir faire un Karaoké sur la méga sono ; lequel se prolongea pendant environ 9 à 10 heures et se dégrada au fur et à mesure que le cadi se vidait… L’un dans l’autre, des jumeaux bourrés qui essayent de sortir des sons harmonieux de leur gorge baignée d’alcool, ça reste marrant, même quand j’essaie de regarder Stargate sur Internet (la télé en streaming, il n’y a que moi pour ne découvrir ça que maintenant).
L’ensemble de la semaine fut donc une succession de soirées, de moins en moins bruyantes et de moins en moins alcoolisées. L’ambiance est revenue à ce qu’on pourrait appeler « la normale » et on s’est aperçu que sous certains fêtards et autres coups de vent se cachaient en réalité des personnes. Des personnes qui sont finalement plutôt sympas, agréables et bavardes. Si bien que, au moment où je vous écris, nous les connaissons un peu mieux. Scott, l’aîné, est un vrai voyageur : il a vécu à Singapour, Hong-Kong, New York et, là, il repart pour Madrid où l’attend sa femme Serbo-Suisse multilingue rencontrée aux Etats-Unis. Et, quant à Andrew, il n’est pas toujours bourré et partage sa vie avec Alex, une charmante Kiwie. Contrairement à ce qu’on avait pu croire, Tom et Christine ne sont pas hautains avec nous et nous aident même parfois dans les tâches ménagères (en cuisinant par exemple). Il ne reste que Hamish, un gosse de riche sans réelle éducation et qui ne connaît pas les gestes simples de la vie (remettre la bouteille de lait dans le frigo, ranger son assiette dans le lave-vaisselle, dire merci, aller se chercher une serviette dans un placard, trier les ordures ou écouter de la bonne musique). Tout à refaire chez celui-là. Il a un bon fond pourtant, mais il y a quelque chose qui a tourné au vinaigre dans son processus d’apprentissage de la vie en communauté et c’est certainement déjà trop tard ! M’enfin !
En plus de ça, comme la vaisselle a diminué (la fréquentation de la maison étant en forte baisse), nous sommes libres pour faire d’autres tafs. Du coup, ils nous font bosser sur les stocks du festival. Et on a pu se mettre de côté des tee-shirts, une casquette et des tonnes de sacs. Et, cerise sur le gâteau, ils ont fait des courses (merci Andrew et Alex) ! Ahhh, mon jus d’orange !!! Bon, y’en a déjà plus mais ça m’a au moins permis d’être de bonne humeur toute la journée d’hier. Journée que nous avons d’ailleurs passée à Gisborne. Un petit tour de la ville et des statues de James Cook (vous savez le navigateur anglais qui a découvert la Nouvelle-Zélande et qui accosta pour la première fois à Gisborne). On s’est juste un peu planté quand on a voulu monter jusqu’au lookout (point de vue) mais qu’on a emprunté le mauvais chemin et qu’on a pu voir les dégâts du tremblement de terre (certains passages étaient très étroits et abîmés). Mais ce fut un nouvel après-midi au calme…
Demain, c’est le retour de quelqu’un que vous connaissez déjà un peu, via ce blog. En effet, et dans un souci d’éviter à nos amies Wwoofeuses rencontrées à Mt Maunganui un Wwoofing trop compliqué, j’avais envoyé un mail à Suzie, Alena et Irène pour les prévenir de ne pas faire de demande ici. Et, devinez quoi ? Irène m’apprend qu’elle arrive juste au moment où l’on repart. Elle prend notre suite ici. Comme elle ne peut pas vraiment se désister, on cherche une solution et, entre autre, on lui refile un contact sur Gisborne. De son côté, elle négocie pour venir plus tôt, histoire de passer un peu de temps ensemble. Résultat des courses, elle gagne le droit de venir un jour plus tôt et de relancer les Wwoofings si ça ne lui plait pas ici. Même si, après tout, elle devrait finir par s’y plaire. Parce que, malgré tout ça, on s’y est fait à cette maison hors du commun et, dans l’ensemble, ce fut une semaine plutôt marrante, bien que peu reposante.
Sur ce, nous nous « envolerons » bientôt vers d’autres aventures, dans la Hawkes Bay. Et comptez sur nous pour vous en tenir informés.
D’ici là, portez vous bien !!
And stay tuned…
Sur ce, Lesley arrive et nous dit bonjour rapidement… avant de partir faire autre chose. On apprendra (à nos dépens) qu’il est très difficile de finir sa phrase lorsqu’on parle avec Lesley, tellement elle est sollicitée. Ce sont nos quatre Wwoofeuses allemandes qui se chargeront de nous montrer l’essentiel de notre boulot. Le matin, la routine. Nettoyer toute la cuisine : en gros, faire tourner le lave-vaisselle et maintenir la cuisine en état (poubelles, plan de travail, éviers, sol…). Tout en sachant, le premier jour, que Lesley a prévu de faire un barbecue pour 16 personnes et que ça fera certainement beaucoup de vaisselle (mais nous n’avions encore rien vu). Notre job est également d’entretenir la piscine, de « souffler » les feuilles hors de la terrasse, de ramassage les feuilles de Puka (encore un arbre du coin), de nettoyer le BBQ, de laver les serviettes de toilette que tout le monde utilise en oubliant de les ranger, ou du moins en oubliant de les étendre, voire même de les ramasser. Et en plus de faire nos 4 heures et demie de taf par jour, on devra s’occuper du repas du soir. Deal conclus ! Nous, du moment qu’on passe du bon temps, qu’on apprend des choses et qu’on mange bien, on est prêt à bosser !!!
Sauf que, premier bémol, les allemandes nous expliquent qu’elles sont en quelque sorte les bonniches de la maison et que Lesley ne se soucie guère du fait que tu aies fait ton temps ou non. Elle te redonne sans arrêt du boulot supplémentaire. Les filles auraient passé leur première semaine à bosser 8 heures par jour… Bon, ceci dit, elles sont tout de même restées un mois complet, c’est qu’il devqit y avoir du positif.
Et, lueur d’espoir, Lesley devrait partir le lendemain soir pour voir une de ses filles à l’étranger. Tout le monde nous dit alors qu’on a vraiment du bol qu’elle parte et qu’on sera plus tranquille. En même temps, on se dit que, pour un Wwoofing, c’est un peu dommage que la maîtresse de maison parte. Surtout que, côté partage du style de vie Kiwi, les fils nous ont carrément oublié, s’ils ont ne serait-ce que pigé qu’on était là !! On espère juste qu’ils achèteront à manger… Alors, pour tout vous avouer, à ce moment précis, je suis carrément déçue et je n’ai pas du tout envie de rester. On fait de « Willing Work on Organic Farm », censé nous permettre de partager des choses, tout ce qu’on partage est un frigo rempli de bières (Jibé > eh, perso, ça me va pas si mal que ça comme partage !). Et si les vignes sont certainement bio, on apprend vite à repasser derrière tout le monde pour trier les poubelles et mettre le verre avec le verre, le plastique avec le plastique, etc.
Mais bon, mon Jibé me rassure en me montrant les bons côtés de ce nouveau Wwoofing. Il y a une piscine, des belles vues, la maison est immense et notre chambre pas mal non plus (même si le matelas est encore un de ces satanés bouzilleur de dos à ressorts si courant en NZ). Il y aussi assez de bières pour maintenir Tonton Alain éveillé pendant 300 ans, du vin de la propriété à foison et du mousseux pas dégeu. D’autant plus que Lesley nous dit : « servez-vous » sans compter. Le job n’est donc pas si terrible que ça mais, au moins, on sera autonomes. Et, dans le jardin, on compte des avocatiers, des mandariniers et des arbres à noix de macadamia. De plus, notre première soirée se passe bien, on mange bien, on boit quelques bières, on discute avec des gens qui ne vivent pas ici et ça roule.
Le lendemain, on commence notre journée. Jibé découvre alors qu’il va devoir refaire l’éducation des jeunes qui utilisent la cuisine et, surtout, leur montrer que nous sommes Wwoofeurs, pas domestiques à temps plein. Nous sommes, je pense, tombés dans une famille assez aisée, avec une grande maison où tout le monde est invité et où les gens, bien souvent, oublient leurs bonnes manières… Moi, ça commence à me gonfler. Jibé, lui, ça le fait marrer (of course). Jusqu’au moment où, vers 4 heures 30 du mat’, Hamish décide de monter le son et de réveiller vos voyageurs préférés (bien entendu, maman est partie, les souris dansent, boivent et fêtent officiellement la fin du festival). Le problème étant que, même avec les boules Quiès, la techno résonne comme un marteau-piqueur et qu’on ne peut rien y faire (Jibé > forcément, avec la sono récupérée du festival branchée à fond sous nos fenêtres, rejoindre Morphée semblait de plus en plus être un rêve inaccessible !)… Le lendemain, légèrement dans le brouillard, on constate simplement les dégâts de la veille. Une tempête a retourné la cuisine. Une tempête que même les créateurs d’American Pie n’auraient pu imaginer !!!! Trois personnes, non identifiables, dorment sur le canapé. Hum, dommage, on a un lave-vaisselle à faire tourner et des assiettes à « entrechoquer »… euh, je veux dire « ranger » !
La suite ? On se dépêche de faire nos 4,5 heures avant de préparer des sandwichs et de partir loin de cette maison de barges. Au passage, Jibé explique à qui veut bien l’entendre que c’était un peu salaud de monter le son de la musique en pleine nuit et rembarre gentiment une fille qui voulait qu’on lui fasse son café… Et moi, au passage, je vais faire nos sandwichs avec tous les trucs que j’ai planqué dans le bac à salade et le pain que j’ai caché dans la chambre (Jibé > Ouh, c’est pas bien ça de cacher de la nourriture… Mouais, enfin il faut avouer que si elle ne l’avait pas fait, je ne sais pas ce qu’on aurait bien pu mettre dans nos sandwichs ce jour-là. Je ne sais même pas si on aurait pu se faire des sandwichs ! 25 personnes qui se servent librement dans un frigo, même si ce dernier fut bien rempli au départ, ça finit inéluctablement par faire des ravages). Ici, c’est le Far West ! Si tu veux quelque chose, il faut le prendre quand il y en a. D’ailleurs, heureusement qu’il y a des avocats, des œufs et du café parce que, sinon, à manger, bah… il y a de la bière ! What else ? Passons. Vers 13 heures, on décolle pour la Tolaga Bay où se trouve le plus grand ponton de Nouvelle-Zélande. 660 mètres dans la mer et l’océan Pacifique qui s’ouvre à vous ! Ca fait vraiment du bien. Au retour, on s’arrête pour apercevoir le village où fut tourné Whale Rider, le film dont on vous parlait dernièrement. Une petite excursion qui nous fait elle aussi du bien et qui nous permet de nous évader de cette ambiance de dingue. Car la fête n’est pas finie et, comme dirait Jibé : « la bière, bien souvent, c’est le nerf de la guerre ». Justement ! Les jeunes qui s’occupaient du camping rapportent un cadi de bières qui va s’installer sur la terrasse et qui y restera plusieurs jours. Jibé > Une explication s’impose. Plutôt que de cadi de bières, il s’agissait plutôt d’une montagne de cannettes de bières (honnêtement, plus que j’en ai jamais vu dans ma vie) entassées dans un chariot de supermarché, dans deux cartons et une énorme glacière… Je suis incapable de faire une estimation mais les cannettes se comptaient en centaines (voire plus !). En fait, l’idée est venue d’Andrew, vous savez, le fils cadet et co-directeur du festival. Sur le camping, plutôt que de faire payer les festivaliers pour recharger leur portable ou pour avoir une source d’électricité, l’accès se monnayait en canettes de bière. Une bière pour une recharge de portable. Perso, je trouve l’idée assez bonne, à condition de savoir quoi faire des bières récupérées… Vous me suivez ? On ramasse toutes ces bières, on attend la fin du festival, on fait le tour du camping et on récupère également toutes les bières oubliées (!!) par les festivaliers, on met le tout dans un chariot et vous connaissez la suite ! A partir de cet instant, c’est tout comme s’ils étaient en mission : finir toutes ces bières ou mourir (ou, peut-être, finir toutes ces bières ET mourir…). Imaginez une orgie de bière pendant trois jours et trois nuits et vous ne vous approcheriez que de très loin de la vérité. Ces Kiwis, croyez-moi, ils ne plaisantent pas avec leurs bières. Et pourtant, même à une dizaine de furieux, ils n’ont pas vaincu le chariot ! Pas loin, mais pas ! Ce qui m’a permis, un peu tous les jours et encre aujourd’hui, de parfaire un peu plus ma connaissance de ces boissons maltées néo-zélandaises. Tiens, petite question pour les lecteurs assidus et mordus de quizz : seriez-vous capable de donner mon Top 3 actuel des bières néo-zélandaises ? Sur ce, je rends la parole à Lulu…
Pourtant, cette deuxième soirée est plus agréable que la première. Il y a pas mal d’internationaux qui parlent plus facilement (ou alors c’est moi qui les comprend mieux) et l’ambiance est plus agréable. Les gens sont ouverts. Bon, d’accord, ils font des beer-pongs (jeu d’adresse inspiré du ping-pong et qui nécessite une grande quantité de bière, une table, une balle de ping-pong et des gobelets en plastiques) et des concours de descente de bières, le plus vite possible. Mais ils rangent un minimum et, surtout, ils ont apporté des pizzas !!! Cool, on va pouvoir manger quelque chose.
Mais, ce qu’on ne savait pas, c’est que les deux plus gros buveurs de bières de la soirée (des jumeaux qui doivent être des triplés si l’on considère la forte ressemblance physique et psychologique qu’ils ont avec Stifler, crétin invétété du film American Pie) reviendraient pour finir le cadi de bières. Donc, le lendemain, pour nous donner du cœur à l’ouvrage, ils eurent la charmante idée de venir faire un Karaoké sur la méga sono ; lequel se prolongea pendant environ 9 à 10 heures et se dégrada au fur et à mesure que le cadi se vidait… L’un dans l’autre, des jumeaux bourrés qui essayent de sortir des sons harmonieux de leur gorge baignée d’alcool, ça reste marrant, même quand j’essaie de regarder Stargate sur Internet (la télé en streaming, il n’y a que moi pour ne découvrir ça que maintenant).
L’ensemble de la semaine fut donc une succession de soirées, de moins en moins bruyantes et de moins en moins alcoolisées. L’ambiance est revenue à ce qu’on pourrait appeler « la normale » et on s’est aperçu que sous certains fêtards et autres coups de vent se cachaient en réalité des personnes. Des personnes qui sont finalement plutôt sympas, agréables et bavardes. Si bien que, au moment où je vous écris, nous les connaissons un peu mieux. Scott, l’aîné, est un vrai voyageur : il a vécu à Singapour, Hong-Kong, New York et, là, il repart pour Madrid où l’attend sa femme Serbo-Suisse multilingue rencontrée aux Etats-Unis. Et, quant à Andrew, il n’est pas toujours bourré et partage sa vie avec Alex, une charmante Kiwie. Contrairement à ce qu’on avait pu croire, Tom et Christine ne sont pas hautains avec nous et nous aident même parfois dans les tâches ménagères (en cuisinant par exemple). Il ne reste que Hamish, un gosse de riche sans réelle éducation et qui ne connaît pas les gestes simples de la vie (remettre la bouteille de lait dans le frigo, ranger son assiette dans le lave-vaisselle, dire merci, aller se chercher une serviette dans un placard, trier les ordures ou écouter de la bonne musique). Tout à refaire chez celui-là. Il a un bon fond pourtant, mais il y a quelque chose qui a tourné au vinaigre dans son processus d’apprentissage de la vie en communauté et c’est certainement déjà trop tard ! M’enfin !
En plus de ça, comme la vaisselle a diminué (la fréquentation de la maison étant en forte baisse), nous sommes libres pour faire d’autres tafs. Du coup, ils nous font bosser sur les stocks du festival. Et on a pu se mettre de côté des tee-shirts, une casquette et des tonnes de sacs. Et, cerise sur le gâteau, ils ont fait des courses (merci Andrew et Alex) ! Ahhh, mon jus d’orange !!! Bon, y’en a déjà plus mais ça m’a au moins permis d’être de bonne humeur toute la journée d’hier. Journée que nous avons d’ailleurs passée à Gisborne. Un petit tour de la ville et des statues de James Cook (vous savez le navigateur anglais qui a découvert la Nouvelle-Zélande et qui accosta pour la première fois à Gisborne). On s’est juste un peu planté quand on a voulu monter jusqu’au lookout (point de vue) mais qu’on a emprunté le mauvais chemin et qu’on a pu voir les dégâts du tremblement de terre (certains passages étaient très étroits et abîmés). Mais ce fut un nouvel après-midi au calme…
Demain, c’est le retour de quelqu’un que vous connaissez déjà un peu, via ce blog. En effet, et dans un souci d’éviter à nos amies Wwoofeuses rencontrées à Mt Maunganui un Wwoofing trop compliqué, j’avais envoyé un mail à Suzie, Alena et Irène pour les prévenir de ne pas faire de demande ici. Et, devinez quoi ? Irène m’apprend qu’elle arrive juste au moment où l’on repart. Elle prend notre suite ici. Comme elle ne peut pas vraiment se désister, on cherche une solution et, entre autre, on lui refile un contact sur Gisborne. De son côté, elle négocie pour venir plus tôt, histoire de passer un peu de temps ensemble. Résultat des courses, elle gagne le droit de venir un jour plus tôt et de relancer les Wwoofings si ça ne lui plait pas ici. Même si, après tout, elle devrait finir par s’y plaire. Parce que, malgré tout ça, on s’y est fait à cette maison hors du commun et, dans l’ensemble, ce fut une semaine plutôt marrante, bien que peu reposante.
Sur ce, nous nous « envolerons » bientôt vers d’autres aventures, dans la Hawkes Bay. Et comptez sur nous pour vous en tenir informés.
D’ici là, portez vous bien !!
And stay tuned…
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