Bonjour à vous chers lecteurs, fidèles ou occasionnels ! Je reprends la plume aujourd’hui après plusieurs posts entièrement rédigés par ma Lulu. A mon tour de bosser et à son tour de faire une pause.
Où vous avions-nous laissé ? Ah oui, Irène et notre départ de chez les Witters ! Nous sommes donc allé chercher Irène (hollandaise rencontrée chez Roger & Paddy, à Mount Maunganui) qui nous a succédé comme Wwoofeuse dans la « maison de fous ». A bien y repenser, cette maison n’était pas si terrible que ça. Plutôt agréable même. Nous sommes juste tombés au mauvais moment : l’après festival = décompression pour tout le monde = grosse fête pour célébrer ça. La « open house » des Witters était finalement bien agréable une fois le calme revenu et c’est toujours très agréable de savoir qu’on peut, à volonté, aller chercher des noix de macadamia, des avocats ou des mandarines dans le jardin.
Mais revenons à nos moutons. Nous avons eu une soirée pour expliquer à Irène son boulot dans la maison et pour qu’elle apprenne à connaître les habitants des lieux. Une dernière soirée très reposante avant de reprendre la route. Le lendemain matin, Scott me fait un peu mal au cœur quand on part. Pour ceux qui n’ont pas suivi, c’est le fils aîné, directeur du festival mais qui vit la majeure partie de l’année à Madrid, avec sa femme. Il avait l’air un peu triste qu’on parte. Je pense qu’à partir du moment où il a pu avoir le temps d’apprendre à nous connaître, il a commencé à nous apprécier. Et je crois que ça ne l’aurait pas dérangé qu’on reste un peu plus. Mais bon, il faut bien partir et continuer notre périple de Wwoofeurs… On the road again !
Cette fois, on prend la route du sud, pour de bon. Adieu la côte nord de l’île du Nord, nous grimpons dans notre chère Titine en direction de la Hawkes Bay. Nous quittons la Bay of Poverty (baie de pauvreté), qui doit son nom à James Cook, l’explorateur anglais qui a fait le tour complet de la Nouvelle-Zélande en trois voyages successifs au XVIIIème siècle. Son nom est le contraste parfait avec la Bay of Plenty (baie d’abondance). Grâce à son doux climat et à un bon ensoleillement, la baie permet la culture de nombreux fruits et légumes. La Bay of Poverty, autour de Gisborne, a elle un climat plus sec qui fit dire à ce fameux Cook qu’une baie valait mieux que l’autre… Mais trêve de considérations historiques et géographiques. Place aux impressions. Parce que cette route entre Gisborne et Napier, de la Bay of Poverty vers la Hawkes Bay, du nord au sud, en longeant la côte Est, vaut quand même le coup d’œil. Une route majoritairement côtière qui laisse entrevoir de très jolis passages avec vue sur le profond Pacifique. Notamment cette fameuse péninsule Mahia et son vent à décorner les bœufs (cf. vidéo en fin de post). Honnêtement, un vent pareil, ça vous passe l’envie de planter la tente au sommet de la falaise. La pauvre Titine sifflait à plein poumons tellement le vent s’engouffrait violement sous son capot moteur.
Une route pittoresque et sinueuse, donc, qui nous mena vers notre nouvelle destination : un Wwoofing chez une certaine Naomi Prowse. A ce point, on sait simplement que c’est une artiste qui vit avec son fils dans une maison proche de la mer. Direction donc le petit village de Te Awanga…
Une artiste, hein ? On voulait voir ce que ça pouvait donner. Et on n’a pas été déçu. Car d’artiste, notre chère Naomi en a les nombreux clichés. Comment imaginez-vous une artiste justement ? Je suppose… fauchée comme les blés, un peu tête en l’air et complètement dans son monde, lunatique, cool et négligée ? Non ? Et bien, c’est à peu près ça. En fait, Naomi est une charmante femme de 48 ans qui a mis au monde 6 enfants. Ancienne hippie sur le retour, elle suit des principes tout aussi touchants qu’aléatoires et, surtout, contradictoires. En bonne hippie, elle est persuadée que le monde court à sa perte et que l’épuisement des réserves de pétrole (dans 10 à 15 ans selon elle) sera annonciateur d’une importante régression dans le monde occidental tel qu’on le connaît. Elle suit donc des principes « bio » assez poussés, ne se soigne qu’à l’homéopathie et espère devenir complètement « self-sufficient » un jour pour ne plus dépendre d’aucun type d’économie ni d’aucun magasin ou supermarché d’alimentation. D’ailleurs, son rêve est de se retirer dans les montagnes, au sein d’une petite communauté (hippie ou pas, va savoir ?) qui ne dépendrait que d’elle-même. Bon tout ça doit lui venir de son éducation et d’une vie qui ne lui apparemment pas fait beaucoup de cadeaux, mais elle me semble parfois un peu extrême. Je suis d’accord pour dire que l’épuisement des réserves de pétrole va déclencher un bouleversement dans l’économie mondiale, mais de la à retourner à une agriculture vivrière locale sans eau courante ni électricité…
En bonne artiste, comme je vous l’évoquais auparavant, elle est plutôt touche à tout. Musicienne, elle semble gagner sa vie en vendant des bijoux et autres objets décoratifs à base de « paua » (un coquillage superbe particulièrement difficile à façonner et utilisé traditionnellement par les Maoris pour confectionner des parures). Ce qu’elle produit est vraiment très beau et je suis sûr qu’il faut un certain talent pour arriver à ce résultat. Mais ceci ne semble pas lui convenir. Pour elle, faire des objets décoratifs est amusant mais ça ne correspond pas à sa vision d’utilité pour la communauté. Elle veut faire quelque chose de ses talents, quelque chose qui marque (l’humanité peut-être ?) et qui reste dans les mémoires. C’est pourquoi elle suit des cours de production vidéo et qu’elle compte bien utiliser ses relations avec de nombreux autres artistes pour pouvoir réaliser des films… marquants ! La cause est noble, mais tout ça me semble parfois appartenir davantage au domaine du rêve qu’à celui de la réalité terrestre.
Les songes ne payent pas, on le sait tous. C’est pourquoi notre Naomi n’est pas fortunée et c’est certainement pourquoi son garde-manger est des plus atypiques. A mi-chemin entre le respect de certains principes « bio » et l’économie d’aliments trop chers, son alimentation se constitue majoritairement… de graines ! Et plus particulièrement… de riz ! Je n’ai rien contre le riz mais, vu les quantités qu’elle cuisine, il y aurait de quoi nourrir un régiment de japonais avec ce riz. Heureusement, elle sait l’agrémenter de coriandre fraîche (du jardin), de légumes frais (des producteurs locaux) ou de crème et de condiments (du frigo et du tiroir). Depuis une semaine, nous mangeons donc au moins autant de riz que si nous étions partis en voyage au Japon. Mais je ne m’en plaints pas. Après tout, bien assaisonné, ce n’est pas si mal le riz. Par contre, c’est le reste qui peut surprendre. Car dans le placard, à côté du riz, on trouve des graines de sésame, des flocons d’avoine, des tartelettes de maïs concassé, des graines oranges et d’autres verdâtres… A noter aussi, le pain (sans un gramme de farine, uniquement à base de graines de trucs bizarres) est au frigo alors que le beurre, lui, reste dans le placard. C’est bien connu, les produits laitiers résistent mieux à la chaleurs que les graines… Hum… A moins que ça soit l’inverse ?!
Parmi les autres curiosités qui valent le détour et qui me font dire que notre hôte applique, parfois, des principes très contradictoires, on peut noter : le thé à $8 le petit sachet (pas très économique), les marinades pour viandes alors qu’elle n’en achète presque jamais (pas très logique), une peur « panique » des bactéries et des fourmis qui les véhiculent (pas très logique pour une hippie « roots » qui prône une retour quasi-total à la nature) ou encore son bol de riz abandonné dans la cuisine et laissé en l’état jusqu’au lendemain (alors que c’est justement ça qui peut attirer les fourmis)…
Bref, une hôte très gentille mais cliché parfait de la hippie « roots & bio » tel qu’on l’imagine, avec le côté artiste en plus. Ceci dit, on passe une semaine plutôt agréable et on fait avec, comme à chaque fois, les défauts des qualités de nos hôtes. Ici, on dort par terre, ce qui est une excellente nouvelle pour mon pauvre petit dos tout cassé qui n’en pouvait plus de ces satanés matelas à ressorts si courant en Nouvelle-Zélande. On ne se lève pas non plus aux aurores, « artiste style », ce qui est une autre bonne nouvelle pour l’oiseau de nuit que je prétends être. Enfin, on ne mange pas vraiment à des horaires fixes et, surtout, on se sert quand on veut. Ce qui veut dire qu’on n’est pas obligé de dîner à 17 heures, cool ! Et puis le travail dans le jardin est assez agréable et un peu plus varié que le simple arrachage de mauvaises herbes. Du bon et du moins bon, donc, pour ce Wwoofing en banlieue de Napier qui aura quand même eu le privilège de nous faire découvrir cette ville si particulière.
C’est samedi dernier que nous avons pu faire notre première ballade dans Napier. Ville de taille moyenne, elle arbore un charme tout particulier de par sa situation sur une côte abondamment ensoleillée et grâce à une caractéristique qui en fait une cité unique en son genre. Mais nous y reviendrons un peu plus tard. D’abord, notre ballade de samedi et la découverte d’une « merveilleuse » boutique intitulée… Opossum World ! Une curiosité d’entre les curiosités. Comme vous le savez désormais, l’opossum est une espèce de marsupial exploité pour sa fourrure et protégé dans la majeure partie du monde sauf… en Nouvelle-Zélande ! Ici, il est considéré comme le pire des nuisibles. Ou plutôt, ils sont considérés comme les pires nuisibles. Complètement vierge de ce petit animal en 1850, la NZ est aujourd’hui peuplée de plus de 70 millions de spécimens et aucun territoire ne semble lui résister (voir photos). Introduit, à l’époque, depuis l’Australie (où il est aujourd’hui une espèce en voie de disparition), l’opossum se plaît et se multiplie chez les Kiwis. Et il est responsable de nombreux dégâts sur la faune et la flore locale, notamment les oiseaux et, en premier lieu, le kiwi dont il mange les œufs. Et cet oiseau emblématique néo-zélandais et aujourd’hui en voie de disparition, du simple fait des ravages de l’opossum. La chasse est donc ouverte ! Et l’Opossum World est le repère des chasseurs !
Nous nous attendions à trouver un charmant petit magasin qui vend des chaussons et des moufles en fourrure d’opossum. Les chaussons et les moufles sont bien présents… mais le reste. Un hymne à « l’anti-possum’isme » ! Des mauvaises blagues sur les opossums écrasés aux descriptifs détaillés sur « l’invasion » de l’opossum, tout y est ! Grandeur nature ! Des opossums empaillés par dizaine : pour expliquer leurs différents stades d’évolution (sans oublier les embryons dans le formol), pour mettre en scène le criminel animal dévastant un nid de kiwi, pour expliquer le travail des trappeurs (ils ont la vie dur ces trappeurs ! Vivre à l’écart du monde pendant plusieurs mois pour tuer le plus d’opossums possible et finir par les écorcher vif pour revendre la fourrure au meilleur prix…), pour expliquer comment tout bon Néo-zélandais devrait faire un écart sur la route pour écraser le nuisible qui se mettrait en travers de son chemin ou encore pour démontrer lequel des pièges à opossums est le plus efficace. Eh oui, chez eux aussi la guillotine fonctionne encore, et elle n’a qu’une seule cible : notre très cher opossum !
En clair, un magasin très instructif et ludique bien qu’un peu effrayant. Qu’on combatte l’opossum pour tous ses ravages sur la faune et la flore, d’accord. Mais transformer un magasin de bonnets, d’écharpes, de pulls et des moufles en temple du massacre, c’est d’un goût assez douteux. Enfin, moi, je dis ça, je dis rien… Amis chasseurs, amis trappeurs, si l’opossum ne vous fait ni chaud ni froid et que vous voulez vous lancer dans le business de la fourrure, bienvenue en Nouvelle-Zélande ! Enfin, moi, ce que j’en dis…
Lundi, nous sommes retournés à Napier. Mais cette fois, pas d’opossum en vue. La découverte de la ville était notre objectif. En effet, Napier a été presque entièrement détruite au début des années 1930 par un tremblement de terre (vous vous souvenez, la Nouvelle-Zélande et ses tremblements ?). A cette époque, le style architectural en vogue s’appelait : l’Art Déco. Reconstruit à ce moment, le centre-ville abrite l’une des plus grandes concentrations au monde de bâtiments dans le style Art Déco. Des lignes épurées, droites, des zigzags, des créneaux, du verre tinté, des formes géométriques et tout ce qui s’ensuit. Nous nous sommes donc baladés du Masonic Hotel (un des plus anciens de Napier et reconstruit après le tremblement de terre) au Provincial Hotel (reconstruit dans un style plus méditerrannéen), en passant par Ocean Boulevard et le théâtre municipal. C’est étonnant de voir à quel point la ville en tire son charme si particulier et on comprend pourquoi les habitants sont aussi attachés à une architecture qui témoigne de leur histoire. On a presque l’impression de se balader dans l’Amérique de la Belle Epoque, un sentiment hors du temps mais très vivace à Napier. Décidément pas une ville comme les autres !
Voilà pour l’essentiel de notre semaine. Aujourd’hui, fidèle à elle-même, Naomi nous a donné un « day off » (jour sans boulot)… sans nous le dire. A force de ne rien avoir à faire depuis ce matin, on a fini par comprendre qu’on aurait rien à faire de la journée ! Et, finalement, ça tombe plutôt bien chers amis, chers lecteurs, fidèles ou occasionnels, puisque ça tombe le jour où votre auteur préféré est tombé malade. Bon, apparemment, rien de sérieux. Mais je peux vous dire que ce matin, après avoir mis ma tête dans la cuvette des toilettes pour la 6ème fois en moins d’une heure, je faisais moins le fier. Quant à Lulu, elle s’est bien occupée de moi avec un déjeuner à base de patates bouillies qui constitue, encore jusqu’à maintenant, le seul repas que mon estomac a bien voulu accepter.
Et, pendant que je vous parle, elle s’acharne sur le dernier tome du fameux Harry Potter, en anglais s’il vous plaît ! Mal de crâne assuré mais nets progrès pour ma Lulu adorée.
Sur ces bons mots, je vous souhaite une bonne journée et je vous dis : à la revoyure !
PS : À noter, ici, en Nouvelle-Zélande, le beurre « de base » est salé ! Point de beurre doux ! Ah, ils sont vraiment bien ces Néo-Zélandais…
PPS : Les photos de Napier sont sur Picasa (toujours le même lien) >>> http://picasaweb.google.fr/Jibozusa
PPPS : Et rien que pour votre plaisir, deux petites vidéos qui font du bien ;-) >>> http://picasaweb.google.fr/Jibozusa/VidOs/photo#5156009298084568322 et http://picasaweb.google.fr/Jibozusa/VidOs/photo#5156012326036512018
2 commentaires:
coucou,
venteux le pacifique !mais toujours aussi beau
?lire "le Vol d'Icare" avant d'aller plus loin sera plus prudent!!
gros bisous ,maman.
Merci pour la carte reçue il y a quelques temps. On suit votre parcours sur le net, c'est sympa. Ici tout va bien, Lise planche en vue du BAC dans quelques mois. Gros bisous des "BOISSELIER"
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