vendredi 25 juillet 2008

Escapade au Doubtfull Sound…


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Deux semaines de calme et de repos à Punatapu et nous revoilà sur la route. Après les déconvenues et la réorganisation de notre tour du Sud, nous continuons notre chemin vers les Fjords. Occupant toute la partie du Sud-Ouest de l’île entre les Alpes du Sud et le sud du sud, on ne pouvait pas rater cette région, premier parc national du pays. Quitte à en faire un, autant faire le plus grand. C’est donc lundi matin que nous nous rendons à l’embarcadère du lac de Manapouri, le point de départ de notre croisière vers le Doubtfull Sound. Le voyage se fera en trois étapes. D’abord nous traversons le lac à l’aide d’un petit bateau à moteur et nous commençons à nous émerveiller de la couleur si sombre du lac (le deuxième plus profond du pays) et des nuages chargés de pluie qui nous entourent et enserrent les collines boisées environnantes. Heureusement, nous n’avons pas à nous soucier de la météo car déjà un soleil radieux pointe le bout de son nez. De même, notre guide nous explique que nous sommes chanceux car, s’il pleut deux jours sur trois dans les Fjords, ça faisait également deux semaines que personne n’avait vu le soleil dans cette région. Après nos diverses péripéties sur l’eau et nos périples partiellement gâchés par la pluie, nous étions plutôt contents ! Au bout d’une heure de traversée dans un premier bateau, nous accostons au pied de la station électrique alimentée par le lac et que nous visiterons au retour. Puis, nous traversons les quelques kilomètres qui nous séparent de LA croisière en question à l’aide d’un bus. Au sommet du Wilmott pass (environ 600 mètres), le chauffeur nous explique qu’il s’agit du point photo du voyage en bus mais, visiblement, l’humidité locale fait des siennes et nous impose une sorte de brouillard monstrueux qui nous cache tout… Un peu méfiants, on se dit que, décidemment, on n’a pas la côte avec les prévisions météo. Or, ces nuages ne sont en réalité que le résultat des précipitations des deux dernières semaines et, une fois traversés, ils découvrent un magnifique paysage. Un paysage de carte postale, littéralement. Accrochés aux montagnes boisées et enneigées qui nous entourent, les nuages agrémentent un décor de chutes d’eau venant se déverser dans le lac. Nous naviguons donc sur un grand catamaran motorisé à étages et nous déballons tranquillement notre pique-nique quand, soudain, le capitaine nous annonce que des dauphins se sont invités autour du bateau et qu’ils multiplient sauts et les courses-poursuites afin d’assurer le show ! C’est vraiment génial de pouvoir les admirer dans leur élément, les voir jouer et les entendre rire (enfin ce que moi j’appelle rire, vous savez le drôle de bruit qu’ils font et qui ressemble à un rire, à un cliquetis, enfin bref, le cri du dauphin) sans avoir l’impression de les déranger ni de les exploiter. Comme toutes les bonnes choses ont une fin et que nous avons encore tout le Doubtfull Sound à parcourir, le capitaine rallume les moteurs et nous emmène plus loin, laissant les dauphins à leurs jeux aquatiques. La suite de l’excursion est une succession de paysages tous plus beaux les uns que les autres. On a surtout l’impression d’être tout petit tant les montagnes qui nous entourent sont hautes et proches de nous. Il règne aussi un sentiment de saine solitude, sentiment renforcé lorsque le capitaine coupe les moteurs pour nous laisser apprécier le calme des Fjords. Ah, amis citadins, quel bonheur ! A noter : la particularité du Fiordland est d’avoir subi l’influence des glaciers, ceux-ci ayant creusé le relief au point de ne laisser que montagnes et vallées propices à l’envahissement par la mer. Ici, eau douce du lac Manapouri et eau salée de la mer de Tasman se rencontrent pour former cet improbable mélange qui sied tant à la vie sauvage indigène. A ce niveau, nous avons revu la mer avec joie (deux semaines sans la voir, en Nouvelle-Zélande, c’est très long !) et ses vagues qui font tanguer le bateau ont su nous amuser. Nous avons également, une fois n’est pas coutume, pu contempler des phoques faisant la sieste au soleil ! Seule déception, nous n’avons toujours pas pu apercevoir le moindre pingouin… Quelques albatros, tout de même, et de nombreux rapaces et autres oiseaux non identifiés ont survolé notre navire.

Deux Keas nous avaient accueillit au départ du bus et s’affairaient à attaquer une bâche de voiture – en effet, ces « perroquets » aiment particulièrement « manger » tout le plastique des voitures…). Juste avant de revenir au « port », un petit détour amusant près d’une cascade pour récolter l’eau qui s’en écoule et la goûter au passage. Nous jetons un dernier regard attendri vers notre Sound, désormais visible depuis ce fameux point photo, les nuages s’étant retirés… Un dernier arrêt est concédé à la station électrique, un astucieux concept écologique qui présente une version environnementale du barrage hydroélectrique : on accède ainsi aux turbines par le biais d’un tunnel de 2 kilomètres creusé dans la montagne. Il est temps de partir. Sur le bateau qui nous ramène à Manapouri, on est tout rose à cause du vent et tout ému par cette belle journée qu’on vient de passer. C’est d’ailleurs ma journée Number One dans mon top des plus beaux moments passés dans ce pays (classement de Lulu, Jibé n’ayant pas d’opinion tranchée à ce sujet)…

Le lendemain matin, nous quittons notre backpacker de Te Anau – au passage, un petit chalet perso avec vue sur le lever du soleil et sur les montagnes – pour nous rendre à notre prochain Wwoofing dans la région d’Invercargill. On nous avait dit « prenez la Scenic Road, vous allez voir, c’est magnifique ». Mais on aurait du se douter qu’il y avait baleine sous gravillons ! Comme de nombreuses routes dites « scéniques » ou lieux prétendus « historiques », en pays Kiwi, il faut s’attendre à être déçu… Pas de quoi s’extasier, juste un peu de vent ci et là. Comprenez bien, ce pays est magnifique dans son ensemble et regorge de trésors naturels mais, à en croire la pensée commune, tout devient scénique et historique ! Un bout de roche quelconque, un mur à moitié démoli vieux de 50 ans, trois arbres qui se battent en duel ou une vue sur la mer… On va encore passer pour des blasés de la vie et des rabat-joie de premier niveau mais n’empêche qu’au bout de 100 bornes, sur cette fameuse route, on avait croisé une bagnole et puis rien ! De la route à perte de vue et des montagnes (sans neige, bouh !). C’est peut-être scénique pour certains mais, après les Fjords, ça ne tient pas la comparaison deux minutes !

M’enfin, c’est sûr que lorsqu’on croise un pont historique vieux de 50 ans, on se dit : « hum, chez nous, en Europe, les ponts historiques ont au minimum plusieurs centaines d’années (et je ne parle même pas du pont du Gard) ». Alors il faut nous comprendre… Deux choses sont pourtant intéressantes. Premièrement, les arcs-en-ciel sont très communs dans les Fjords (et le Southland) en raison de la constance de fortes précipitations en cet endroit, ce qui fait qu’on en a vu plus d’une dizaine en deux jours et c’est très certainement un nouveau record. Deuxièmement, chaque ville néo-zélandaise (ou presque) se gausse d’une particularité qui lui est propre et qui se retrouve très souvent illustrée par une statue géante ou autre panneau annonciateur à l’entrée de la ville. Pour donner quelques exemples, nous sommes ainsi passés par Tuatapere, la capitale Kiwie de la saucisse (très classe) et par Riverton, celle du paua (le coquillage local). Dans le même genre, nous avons croisé celle des moules dans les Sounds et nous allons nous rendre dans celle de l’huître (Bluff). Pêle-mêle, on peut aussi dénombrer la « capitale Kiwie » (une constante) du surf, des sports extrêmes (Queenstown, pour ceux qui ne l’auraient pas reconnue), de la greenstone (jade locale), du fish and chips ou des volcans. Et je suis sûr qu’il existe une ville pour chaque chose qui marque l’identité Kiwie. Tiens, il y a aussi la capitale du kiwi, le fruit, du côté de chez Maureen… C’est marrant et on aime bien le coup des statues géantes. Et quand on sait que Dunedin, par exemple, s’est imposée comme capitale de la Speights (très bonne bière) et du chocolat Cadbury, ça ne laisse plus beaucoup de choix aux autres… Nous, on a eu une idée : à quand la capitale du soleil ? Parce qu’on en aurait bien besoin…

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