.On continue à rattraper notre retard avec au programme aujourd'hui, notre traversée vers l'île du Sud, nos premiers hôtes après la pause parlementaire et quelques rencontres impromptues...
Comme on vous l’avait annoncé et comme c’était prévu, nous avons quitté notre ville d’adoption, son stade chaleureux, son climat de m**** et nos chers colocs pour le Sud. Mais avant même de pouvoir fouler le sol de cette île si belle et si sauvage (d’après ce que l’on a si souvent entendu), nous devons prendre le ferry (le Kaitaki, le plus gros des bateaux en service). Au départ, toute contente et toute excitée, je me demande quand même s’il ne faudrait pas consulter la météo et prendre des cachets anti-mal de mer parce que le détroit de Cook, paraît-il, il secoue ! En réalité, environ 10 minutes à tout casser, et ceci en pleine mer, ce qui semble logique. La mer était plate, donc à défaut d’être amusante et chaotique, la traversée fut relaxante et scénique. L’opportunité pour moi de passer les 3 heures que dure le voyage à faire des allers et retours entre le pont avant, le pont arrière et les côtés du bateau, histoire de prendre des tonnes de photos du port de Wellington, du Parlement (ça vous colle à la peau ces choses-là), du détroit, de la plage où on avait vu des phoques avec Françoise, de la mer, des Sounds (avancées de terre toutes boisées et quasi vierges de peuplement qui constituent le nord de l’île du Sud), de la mer, des mouettes… quand je n’avais pas le nez collé au hublot (parce que dehors, il fait quand même un peu froid) ! De retour sur la terre ferme, nous filons à l’auberge de jeunesse déballer nos affaires et nous partons en balade vers un Lookout (je les aime tellement) sur les Sounds avant de revenir au chaud à la backpacker boire un verre de vin. Parce que nous fêtons mes 24 ans !
A cette occasion, mon cher et tendre m’emmène dans un restaurant de fruits de mer d’où j’en sors, ravie, repue et parée d’une paire de boucles d’oreilles en Paua, le coquillage local utilisé par les Maoris lorsqu’ils font des bijoux… Merci Jibé !
Le lendemain, nous remballons notre bazar dans la Titine (Jibé a quand même laissé le gel douche et le shampoing dans la douche avant de partir), direction la Golden Bay en passant par la scénique Queen Charlotte Drive longeant les Sounds (toujours eux) et que le soleil inonde de ses rayons, nous réchauffant au passage. Un arrêt Burger King à Nelson et quelques pauses photos devant la cathédrale de Nelson en parpaing (le choix du matériel de construction étant assez rarement utilisé par les Kiwis, on a voulu voir ça de plus près). D’autant plus que, la ville n’ayant plus assez de moyens financiers quant au plan original conçu par l’architecte, il manque un étage à l’édifice et l’entrée se fait par l’arrière ?!?
Nous continuons vers l’Ouest, traversons les Takaka Hills et arrivons enfin à notre nouveau Wwoofing chez Ann et David à Pohara, plus communément appelé « Rocks World ». Il s’agit d’une petite maison au milieu d’une propriété parsemée de rochers. On se croirait un peu dans le Seigneur des Anneaux. Il y a un petit étalage à l’entrée avec tous les légumes et fruits que l’on peut acheter, deux serres où poussent poivrons, potirons, herbes, fruits, ainsi que des arbres fruitiers, un ruisseau, des poules, des plantations de kiwis, et Mau, la truie. Ann et David sont des Britanniques exilés depuis plus de trente ans, professeurs respectivement de chimie et de biologie, passionnés par le tricot, le bridge et les mots croisés, soit un petit couple à la retraite paisible et agréable comme on les aime. Ils ont également deux fils, l’un vit à Dunedin et le second, Harry, vit deux soirs par semaine avec eux. En effet, Harry est autiste et ce fut, pour nous, la confrontation au quotidien avec un handicap que nous ne connaissions pas. Harry ne parle pas beaucoup mais demande souvent les mêmes choses à propos du déroulement régulier de sa journée : l’heure à laquelle nous allons prendre le café, s’il peut prendre du thé en fin de repas, où sont les gens qui l’accompagnent quand il n’est pas avec ses parents, s’il peut aller au lit ou s’il peut brûler des trucs (il n’y a pas de service de collecte des poubelles du côté de Rocks World et tout ce qui ne passe pas au compost se retrouve au feu…). Il aime aussi bien vider le lave-vaisselle, remet mon couteau quand il n’est pas à cheval sur le bord de mon assiette, bref, il semble maniaque au premier abord. Pourtant, Harry se met parfois à crier ou à taper des mains, selon s’il est content ou pas. Il saute quand il écoute de la musique et, de temps en temps, baisse son pantalon. Il est toujours pieds nus, en short, tee-shirt et ne s’habille qu’en noir. Avec nous, il a réagit différemment, en fonction de son humeur. Parfois, il nous parle, parfois il nous regarde sans vraiment faire attention à nous. Le premier jour, il nous a fait un thé et, le lendemain, il a tapé Jibé (pas fort) mais il n’a peut-être pas vraiment compris qui on était. On a surtout réalisé à quel point c’était dur de s’occuper d’un enfant autiste et à quel point Ann et David étaient de bons parents et, par extension, de très bons hôtes !
On s’est senti chez nous et on est vite entré dans une routine Wwoofing tranquille, 4 heures chaque matin. Au programme, on taille les arbres fruitiers (prunes, pommes et poires) et on met les débris sous les avocatiers. A 11 heures, la pause café moulu, tellement bonne quand il fait froid. A midi, le déjeuner c’est pain maison, légumes, chutney et thé. Les aprèm’, on les passe à rien faire ou seulement de petites balades dans les environs, notamment sur la plage pour découvrir un peu le Parc national Abel Tasman. Les soirées, c’est charmant repas concocté par Ann, spaghettis, curry, salade de fruits (nombreux et variés, kiwi, feijoa, cape gooseberry – ça ressemble à une tomate cerise en plus acide, babako – un drôle de fruit dont l’arbre ressemble au baobab, pepinos – une sorte de melon, persimmon – le kaki d’ici, pommes, bananes et mandarines) et pour une spéciale française, tarte à l’oignon et salade vosgienne. D’ailleurs, mon petit papa, tu peux être fier de moi, j’ai fait des adeptes de notre plat culte à l’autre bout du monde ! Ensuite, c’est lecture au coin du feu et gros dodo !
On s’est aussi fait une excursion au Cape Farewell, soit le bout du bout de la Golden Bay. On devait y voir le mont Taranaki et une bande de terre absolument superbe, en réalité, ça casse pas trois pattes à un canard et pas de mont en vue. Mais, au détour d’une balade depuis le parking, on tombe sur une plage déserte et, le long d’un ruisseau, sur des otaries qui (rien que pour nous) commencent leur show… Et vas-y que je fais des sauts, des courses et que je nage en relevant la tête pour être sûre qu’on la regarde, les regarde ! Bon, bah comme elles ont l’air de ne pas s’enfuir à notre approche, nous on s’installe et Jibé descend et s’approche encore plus d’elles. Et que l’otarie se rapproche et qu’elle monte presque sur les genoux d’un Jibé complètement béat ! Ah, cette faune néo-zélandaise si accessible, on ne s’y fera jamais. Et la réflexion de Jibé qui me fait marrer : « il n’y a que dans ce pays où tu peux croiser sur le même territoire des otaries, des moutons et des vaches ! »
Sacré Jibé !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire