lundi 14 juillet 2008

Au revoir David et Ann


NB: De nombreuses nouvelles photos et un montage vidéo signé Lulu ont été ajouté sur Picasa, lien en bas de ce post...


Alors voilà, on continue à rattraper notre retard et on en arrive au (presque) présent. On s’apprête à quitter David et Ann, avec qui on vient de passer une très belle semaine pour un retour au Wwoofing réussi.

Au passage, on aura appris comment tailler des arbres fruitiers pour que la saison soit bonne. Et on aura surtout appris comment vivre très simplement, avec une philosophie de vie à toute épreuve, dans un confort qui allie astucieusement modernité et valeurs traditionnelles, confort moderne et bienfaits du ruralisme, vie posée et travail de tous les jours. Chez David et Ann, pas de prise de tête, pas d’illogisme, pas de règles désuètes, pas de complication. Tout est simple mais suffisant pour une vie moderne. Internet, téléphone ou TV satellite font bon ménage avec chauffage au bois, bouilloire sur le poêle et culture de fruits et légumes. C’est pas parce qu’on passe la journée dans son jardin qu’on ne peut pas apprécier de regarder Wimbledon en différé ! Bref, un séjour de plus qu’il allait être bien difficile de quitter…

Si difficile d’ailleurs que notre Titine a dû se dire qu’on méritait de tailler quelques arbres fruitiers supplémentaires et que son embrayage a choisi de nous lâcher la veille de notre départ. Ca commence par une drôle d’impression, ça se poursuit par une voiture qui refuse de dépasser le 50km/h et ça se termine par un moteur qui tourne rond mais un bolide qui refuse d’avancer. Résultat : warnings et on pousse la voiture… M’enfin pas longtemps car, heureusement (et on ne le dira jamais assez), les Kiwis sont parmi les gens les plus serviables et attentionnés sur la planète (en dehors d’être la 3ème nation la moins corrompue au monde, derrière la Finlande et l’Islande, alors que la France n’est que 18ème, mais ça, c’est une autre histoire, bref…). Heureusement donc, puisqu’à peine une minute plus tard, une voiture s’arrête devant notre détresse et son conducteur vient à notre secours (il s’agissait même de la première voiture à venir). Le mec, Martin, pousse avec nous, sort une grosse corde de son coffre, remorque la voiture vers un endroit moins gênant pour la circulation, nous fait monter à bord et nous dépose 6kms plus loin, chez David et Ann. Ah oui (car je ne vous l’avez pas dit), nous, quand on tombe en panne, on a la décence de le faire près de chez nos hôtes et à moins de 10kms de la ville la plus proche (ce qui n’est pas si aisé qu’il paraît, en Nouvelle-Zélande). (Lulu ajoute, pour ceux qui connaissent un peu la Golden Bay, que nous avions passé la journée au Farewell Spit, soit un banc de sable cerné de part et d’autre par la mer Tasman où il n’y a qu’une centaine d’habitants à la ronde – et à 50 bornes de chez nos hôtes.)

Le lendemain matin, c’est David qui nous remorque cordialement la voiture jusqu’au garage de la ville voisine. Il s’ensuit 3 jours d’une insoutenable attente au cours desquels nous avons forgés les scénarii les plus apocalyptiques qu’il soit, enfin surtout ma Lulu. Du « la voiture est morte et on va être bloqué ici pour toujours » au « on va devoir prendre le bus avec nos 34 sacs chacun et on pourra jamais », tout y est passé. Ah oui, parce que nous, en mécanique, walou ! On fait les malins maintenant mais, sur le moment, j’avais bien une vague idée que le problème se situait quelque part au niveau de la transmission mais c’est à peu près tout. La bonne et la mauvaise nouvelle sont tombées, ensemble, au matin du troisième jour : la voiture était réparée mais la réparation nous coûtait la moitié du prix d’achat de Titine. Pour ceux qui se souviennent du prix d’achat de notre voiture, je vous laisse faire le calcul. Pour les autres, ne vous prenez pas la tête. Dites-vous simplement qu’une réparation qui vous représente la moitié du coût total du véhicule est toujours chère ! Mais, au moins, Titine est fin prête pour attaquer les montagnes du Sud et manger les kilomètres qui nous séparent de Queenstown (notre prochaine destination). (Lulu ajoute qu’au moment de quitter – enfin – la région, on s’aperçoit que le poste radio ne fonctionne plus. Le gentil monsieur du garage nous apprendra qu’il y a une sécurité et un code à entrer ! Nouvelle frayeur où je frôle à nouveau l’ulcère avant de trouver le code inscrit à plusieurs endroits dans les manuels de la Titine. S’en est fallu de peu !)

Au revoir ému à nos charmants hôtes et direction la West Coast. Le « weather forecast » (comprenez prévisions météorologiques) est plutôt bon et le col le plus élevé que nous avons à passer ne s’élève qu’à 500 mètres d’altitude, ce qui ne devrait pas être trop compliqué. Ma foi, j’ai peut-être pensé un peu trop vite ce jour-là… On passe tranquillement les Takaka Hills, collines escarpées, pour s’enfoncer dans les reliefs un peu plus vallonnés de la route qui mène à la côte Ouest. Progressivement, la pluie s’intensifie, jusqu’à ce que l’averse devienne continue et les essuie-glaces indispensables. Or, en l’espace d’une vingtaine de seconde (ce qui doit faire, à une moyenne de 70km/h, environ 500 mètres) et sur une très courte distance, la pluie devient neige et la route se couvre d’un épais manteau ! Et au bout d’un petit kilomètre, on en vient même rapidement à se demander si on va encore pouvoir continuer. Une interrogation qui ne restera pas longtemps sans réponse puisque s’agite déjà devant nous un agent de la DDE locale… Fenêtre baissée, il nous informe que la route vient d’être fermée (presque sous nos yeux donc) et qu’il faut rebrousser chemin jusqu’à Nelson, soit un retour en arrière d’une centaine de bornes !

Frustrés mais impuissants face à la situation, nous faisons ainsi demi-tour et commençons à nous demander si notre bonne étoile nous a définitivement quitté. Frustrés mais pas démotivés, nous nous arrêtons sur le bord de la route pour réfléchir sur notre sort. Il n’y a qu’une seule et unique route et elle est bloquée pour cause de fortes chutes de neige. Nous avons donc deux solutions (qui a dit que la vie était une question de choix, hein ?) : soit nous dormons sur Nelson et retentons la traversée demain matin (en espérant que la DDE ait déblayé la route, ce qui n’est pas gagné), soit nous abandonnons la West Coast et ses glaciers à leur triste sort et nous empruntons un autre chemin, celui de la côte est. Aventureux, nous optons (simultanément et d’un commun accord) pour la seconde solution ! Tous comptes faits, tous les chemins mènent à Rome, et donc à Queenstown. Nous voilà donc en route pour un détour d’un millier de kilomètres et c’est habités d’incertitudes que nous mettons cap sur Blenheim, notre premier « check point » sur la voie royale… Rapport à Queenstown, notre destination. « Queen’s town », « la ville de la reine », rapport à la royauté, d’où le jeu de mots « voie royale », non ? C’est pourtant simple, Queenstown !

On traverse alors Nelson (cette ville qu’on en devait plus revoir), Blenheim (cette ville qu’on ne devait pas voir), pour arriver à Kaikoura (cette ville qu’on ne devait découvrir que dans un mois environ). En quête de logement pour la nuit, on choisit l’auberge dans laquelle nous avons déjà prévu de séjourner lorsque mon Papa et Sonia seront là. Tant qu’on y est, ça nous fera une bonne occasion de savoir de quoi il en retourne, nous dîmes-nous… Pour le coup (et le coût), on n’a pas été déçu ! Des chambres super propres (et celle avec la salle de bain au prix de la simple), des douches refaites à neuf, de l’eau chaude bien chaude (importante précision), un accès Internet Wifi gratuit (assez rare pour être signalé), des petites attentions dignes d’un bon hôtel, des hôtes accueillants, de la soupe (aux champignons) et du pain frais pour notre arrivée. L’explication est toute simple : les nouveaux proprios ont racheté l’auberge il y a à peine deux mois, ils sont jeunes et plein de bonnes intentions. Une des meilleures auberges, si ce n’est la meilleure, notamment au rapport qualité/prix parce que, en plus, elle n’est pas chère ! Et je ne vous parle même pas de la vue le lendemain matin, la péninsule de Kaikoura étant coincée entre les montagnes enneigées des « Alpes du Sud » (c’est le nom) et le vaste océan Pacifique…

On ne voulait plus partir, ce qu’il a pourtant bien fallu faire. Une nouvelle grosse journée de route m’attend (Lulu ne touchant toujours pas au volant) avant d’atteindre notre deuxième étape. On file donc bon train vers Oamaru lorsque le ciel s’assombrit et la pluie se remet à tomber. Très vite, la pluie se transforme en neige et on se remet à craindre une fermeture de route sous notre nez. Les automobilistes redoublent de vigilance, certains abandonnent et s’abritent dans les stations services, d’autres enfoncent l’accélérateur dans l’espoir d’atteindre leur chaumière avant l’instant fatidique. La tension devient palpable, elle atteint son paroxysme lors d’un bref arrêt dans une « sandwicherie du bord de la route ». Les gérants, peu impressionnés et encore moins informés, nous informent que dans de pareilles conditions la route ne devrait pas tarder à être fermée. Nous reprenons donc la route en catastrophe et dans l’espoir enfantin d’atteindre la prochaine agglomération. Notre émoi ne fera finalement pas long feu lorsque, quelques kilomètres plus loin, la tempête de neige laisse place à un grand ciel bleu et que la route se remet à rayonner, l’air de rien. (Pensée annexe qui me vient tout à coup : il doit être sacrément compliqué d’être climatologue dans cette belle région du globe, avec des micros climats aussi marqués et des changements aussi brutaux !)

Le reste de notre voyage du jour s’étant déroulé sans encombre, nous arrivons à Oamaru avant l’heure prévue. On en profite donc pour aller voir la colonie de pingouins locale qui, dit-on, vaut le détour. Et là, honte sur les profiteurs et leurs diverses malversations ! Tout comme à Rotorua, où la soif du profit de certaines personnes (que nous ne citerons pas pour ne pas entrer ici dans la polémique) vous oblige à payer $50 pour voir un geyser (qui demeure un phénomène naturel, rappelons-le), l’accès à la colonie de pingouins s’avère payant. Et $26 par personne pour s’asseoir sur un rocher et voir un autre phénomène naturel, c’est-à-dire de petits oiseaux nageurs qui vont se coucher dans les rochers en face, faut pas se foutre de la gueule du monde ! SHAME ON GREED !!! (Honte sur la soif du profit)
Heureusement, un peu plus loin, il y a une autre colonie de pingouins dont les hommes n’ont pas réussi à tirer profit et auprès duquel le tout puissant DoC (Departement of Conservation) a fait construire un abris depuis lequel on peut observer la plage sans effrayer les volatiles… On en a vu un (un pingouin aux yeux jaunes), ce qui est peu mais mieux que rien !
L’auberge, elle, ne valait pas celle de la veille. La chambre était grande mais la propreté un peu douteuse, tout comme la gestion d’ailleurs, par une proprio plus artiste qu’autre chose et dont la « roots attitude » ne suffisait pas à faire oublier une cuisine dans un sale état et un chauffage défaillant. (Lulu ajoute que Jibé s’est gratté toute la nuit…)
(Lulu rajoute, pour finir et parce que Jibé a oublié de vous le raconter, nos deux petits arrêts au Sud d’Oamaru. A Moeraki, sur la plage, on peut voir des énormes boules de roches façonnées par la mer, c’est assez curieux. Et le Lonely (notre guide de référence, j’en profite ici pour dénoncer le Petit Futé qui est tout pourri) qui précise que c’est impressionnant en partie parce qu’il ne reste que les plus gros spécimens, la majeure partie de ces « boules » ayant été empruntée par les touristes qui ne trouvent rien de mieux que d’alourdir leurs bagages avec !! Et au Shag Point, on peut observer une colonie de phoques se dorer la pilule sur des rochers ou chasser des gros oiseaux qui, de loin, ressemblaient à des pingouins mais qui n’en étaient pas…)

Le dernier tronçon de route jusqu’à la ville royale (vous saisissez l’allusion) fut plus calme et émaillé de quelques ah et oh à la découverte de vallées enneigées, de plaines arides (et complètement désertes), de lacs azurés ou de sommets ensoleillés. Mais Queenstown, c’est déjà une autre histoire…


Bisous les p’tits clous !



Cliquer ici pour la Vidéo Bellamy's

Cliquer ici pour les Nouvelles photos (un peu en pagaille, mais bon...)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

You really have written and illustrated a book, and it makes me want to visit the places you have been. What an adventure! Loved the video but I couldn't hear Lulu singing, and great photos especially the fantail. It is very hard to get one sitting still.
See you back here in September.
Momo and Colby

Aude et Nicolas a dit…

Bon, vous serez sûrement déjà bien plus loin, mais là, on crie : "Queenstown, Queenstown, Queenstown !!!" On y est passé 5 fois, on y a passé presque trois mois... Entre Punatapu et les montagnes autour (voir notre blog), c'est un p... de paradis. On a hâte que vous arriviez à Akaroa, là où on mange le meilleur fish'n chips du monde dans un décor tout bonnement paradisiaque (encore!).

Allez, courage, la route est longue, mais elle est belle (dans l'île sud surtout).

Southlanders for ever.

Take care mates!

A&N.

PS : personne ne vous écrit plus où vous n'avez pas le temps de publier les commentaires?!