samedi 19 juillet 2008

Punatapu !

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Bienvenue chez Pat et Sue, à Punatapu. Nos amis « breto-southlanders » reconnaîtront cette idyllique propriété perdue dans les Alpes du Sud, à deux pas du lac Wakatipu et de la très célèbre Queenstown. Dans la voiture, juste avant d’arriver et alors que nous cherchions des yeux le numéro 1113 sur la route de Glenorchy, on plaisantait du genre : « oh, tu vois le coup, on a la salle de bain trop luxe dans la chambre, la propriété est énorme et on va faire que des boulots sympas… ». Quand on est entré dans la propriété en longeant un petit étang et qu’on a aperçu la maison (les maisons devrais-je dire), je me suis dit « Tiens, si on trouvait un million de dollars par terre… » Sauf que ça ne marche pas à tous les coups. Je vous explique. Punatapu est une Bed&Breakfast qui peut accueillir une quinzaine de personnes réparties dans sept chambres, donc cinq avec salle de bain ! De dehors, on a l’impression d’être sur la place d’un petit village basque ou mieux pour ceux qui connaissent, d’être dans le décor de la tournée d’enfer de Renaud (Sylvain, si tu nous lis…). Les murs sont jaunes paille et les toits en ardoise, le tout ponctué de bleu clair autour des fenêtres. La place est pavée et encadrée par le restaurant, la piscine, des petites dépendances (dont la nôtre, The stable, habituellement réservée aux chauffeurs et à plus de 1000 dollars la nuit, tout de même) et la maison principale où se trouve la cuisine et le living-room, lui-même caractérisé par une énorme cheminée et un billard. Tout autour de la propriété sont plantées des fleurs, des arbustes, de la lavande, du romarin, l’ensemble agrémenté de chaises et tables en bois pour mieux profiter du panorama. Parce qu’avant même de continuer la visite et vous présenter les propriétaires, deux mots quant à notre vue quotidienne. Des montagnes, aux sommets pleins de neige (rappelez-vous c’est l’hiver), des arbres, le lac qu’on entrevoit à travers ces mêmes arbres et tout cela qui change de couleur en fonction de la course du soleil. On s’est même lancé à l’assaut de la colline la plus proche pour admirer le paysage et le petit paradis de nos hôtes de plus haut. Ne vous inquiétez pas, amis “trampeurs”, nous n’avons marché que 10 minutes et avons empruntés un chemin aménagé et sécurisé par une corde permettant l’accès au « sommet » et à la vue. On vous soupçonne même de l’avoir amélioré pour aider les visiteurs ou les gros fainéants comme nous. Au passage, la piste de décollage et d’atterrissage d’hélicoptère que les riches clients américains utilisent parfois est toujours présente.

Bref, le décor est planté, reste à présenter les personnages. Pat est médecin « rural » et enseigne l’art d’être médecin dans les régions les plus reculées du pays, à l’Université de Dunedin. Sue était physiothérapeute et gère à présent Punatapu ainsi que Tirimoana (une autre B&B leur appartenant dans la région de Dunedin). Leurs trois enfants vivant à Londres, nos hôtes ne sont donc plus que tous les deux sur leurs 15 hectares de terrain. S’il n’y avait pas le maître de la maison, j’ai nommé Kaz’, le plus grand chien que je n’ai jamais vu de ma vie. Et le plus costaud. Depuis peu, il ne grimpe plus sur les gens, il faut dire que sa maîtresse l’éduque vraiment bien. N’empêche que quand il veut jouer avec vous ou juste vous faire un câlin, il vous pousse gentiment avec sa tête et vous reculez de deux mètres ! Il a environ deux ans et pèse dans les 45 kilos, il s’agit donc d’un gros bébé. Un gros bébé qui adore courir après la voiture et aboyer quand il voit un lapin. Car c’est un chasseur et si, pour le moment, nous ne l’avons jamais vu rapporter une prise, il a une sacrée technique pour traquer le gibier. D’abord il hurle à la mort et ensuite il rentre littéralement dans le terrier. Heureusement, les autres animaux de la propriété, il les laisse tranquille. Même si parfois, je pense qu’il aimerait bien se choper un canard ou qu’il a déjà tenté tellement ceux-ci sont effrayés à son approche et cancanent comme des furieux. Il y a une variété étrange de canards ici dans la région. Ils fonctionnent en couple, le male est brun et la femelle a la tête blanche et ils font un de ces tapages ! Au début, on se demandait ce qu’il y avait comme bestiole dans le coin pour faire un bruit pareil… Ensuite, un peu moins bruyant et moins peureux, les chèvres toutes poilues qu’on a du mal à se rappeler que ce sont des biquettes et non des moutons. Elles sont marrantes, et on aime particulièrement le vieux bouc qui ne voit plus clair, la petite dernière et une qui a une mèche « brochinguée » sur le devant. Trouillards mais très beaux, les cerfs font également partie du paysage. On ne peut pas vraiment les approcher si ce n’est en voiture !? Et donc, l’un de nos boulots est de nourrir quotidiennement cette grande famille.

En parlant boulot, nous avons commencé par tailler les arbres fruitiers, tous confiants et qualifiés de par notre précédente expérience. A nous les pommiers, les poiriers et le nouvel arbre à notre actif, les cerisiers. On en profite pour composter les bases des arbres et on renoue avec les 50 manœuvres obligatoires pour ranger la remorque ! Toujours quelques heures par jour en échange du logis (avec sa propre salle de bain et des couvertures chauffantes qui fonctionnent) et d’un couvert excellent mijoté par Sue (dont un gâteau au chocolat) ! Notre séjour s’annonce agréable. Quelques jours après notre arrivée, Sue et Pat nous quittent pour passer une semaine en Australie. C’était prévu comme cela, on s’occupera des animaux en leur absence. Non pas que l’on n’aime pas la compagnie de nos hôtes lorsque l’on fait du Wwoofing, mais c’est agréable de pouvoir se retrouver à deux, rien qu’à deux, pour une petite semaine. Et ça fait plaisir de voir qu’on nous fait confiance de cette façon. M’enfin, on ne va pas chômer ! Les Français ont la réputation d’être de bons travailleurs et Aude et Nico ont placé la barre très haute pour tous les prochains Wwoofeurs. A nous de faire en sorte que le titre reste dans l’hexagone ! Le jardin mérite un petit coup de jeune. Du « prunning » (on taille), toutes les feuilles mortes (et il y en a plein) à ramasser, le romarin à tailler (ça c’est chouette parce que ça sent bon) et tout ce qui est mort à couper, voir arracher. Quatre remorques plus tard, on a finit (et plusieurs jours) ! Et au frigo, plein de petits plats préparés par Sue avant son départ. Et souvent, pour le petit-déjeuner, des croissants ! C’est qu’elle en prend soin de ses wwoofeurs. Me trouvant pas assez chaudement habillée, elle m’équipe de ses gants, de son bonnet, de son manteau et moi, penaude, je la remercie, toutes mes affaires étant en lavage ! La vie suit donc son cours et nous commençons (nous aussi) notre hibernation. Au menu, on attaque les deux (courtes) saisons de The Office au coin du feu… Nous bravons par trois fois le froid (mais seulement quand il y a du soleil) pour nous rendre à Queenstown (x2) et à Wanaka. J’en profite pour laisser le clavier à Jibé et vous dire à très bientôt !

Hum… nos sorties ? Par où commencer ? A vrai dire, elles ne sont pas légion, le froid ambiant rafraîchissant grandement nos ardeurs. Et la vue depuis notre “Bed&Breakfast” wwoofing est tellement envoûtante qu’on n’a pas trop envie de s’éloigner du feu de cheminée ! Les montagnes enneigées d’un côté, le lac au travers des arbres, la forêt, les cerfs, les chèvres, ce décor de petit village basque… On appelle les montagnes de l’Ile du Sud les « Alpes du Sud »… Entre nous, j’aurais plutôt opté pour les « Pyrénées du Sud ». Mais revenons plutôt à nos biquettes, et à notre première sortie : Wanaka.

Une heure et demie de route depuis Queenstown, la ville de Wanaka n’est pas si spéciale que vous pourriez le croire. Oh, ne me faites pas les gros yeux, c’est une jolie bourgade, mais ça ressemble à s’y méprendre à Queenstown… en plus petit. Un lac, des montagnes, des gens chics, des skieurs, des magasins pour eux, des restos trop chers… Pareil en miniature je vous dis ! Sympa, mais ça vaut pas un détour d’une heure et demie si on a déjà vu Queenstown. Ce qui vaut le détour, par contre, c’est ce que nous étions venu voir. Voir ? Là où nous étions venu jouer… le Puzzling World !!! Imaginez un labyrinthe tridimensionnel géant avec tout un tas de casse-têtes à la clé, un bonheur d’amusement (si on a su rester un grand enfant). Car il s’agit bel et bien d’un endroit aménagé pour les adultes, aussi bien que les enfants. Des palissades, des tours, des escaliers, des intersections, des voies sans issues et un unique point de départ et une seule sortie. On nous avertit : il faut entre une heure et une heure et demie pour terminer ce labyrinthe. Je fais confiance au sens de l’orientation naturel de ma Lulu pour nous diriger, histoire de réellement se perdre et de rendre l’expérience encore plus amusante. Mission réussie, en moins d’un quart d’heure, elle réussit à trouver la tour verte… alors que nous cherchions la tour jaune. Pas peur, votre Jibé national se retrousse les manches, opère avec logique et, moins d’une heure plus tard, la sortie s’offre à nous ! Les illusions visuelles nous ont, elles aussi, amusés et donnés pas mal de fil à retordre. Par contre, on a laissé tombé sur les puzzles et autres casse-têtes impossibles ! Au final, une journée bien remplie et un bon mal de crâne à emporter ;-)

En seconde sortie de choix, j’ai nommé : la découverte de Queenstown. Une prise de contact, un petit tour en ville, un peu de shopping et une visite sous le lac. Pardon ? Qu’as-tu dit Jibé, une visite sous le lac ? Eh oui, on n’arrête pas l’inventivité Kiwi. Plutôt que de mettre des poissons dans un bocal, les locaux ont eu l’idée de mettre les humains derrières des vitres et les inviter sous l’eau, dans l’environnement naturel des nageurs. Quelques escaliers et vous voilà à l’Underwater, quelques 5 mètres sous la surface du lac. Pas énorme mais largement suffisant pour s’émerveiller devant pas grand-chose ! Des canards plongeurs, des énormes truites (qu’il est interdit de pêcher, ça aide pour grandir librement) et des anguilles d’un bon mètre de long. Pas grand-chose pour le pêcheur lambda, mais une visite bien sympathique pour le petit Jibé. Retour à la surface et petite balade le long du lac, visite de boutiques variées et fuite face aux prix prohibitifs de certaines échoppes… Une ville très touristique, vous l’aurez compris. Mais passons plutôt à notre troisième sortie pour aborder les points forts de cette charmante localité.

Notre troisième sortie pour Queenstown s’est déroulée par un grand beau temps, le ciel bleu, le soleil, les oiseaux, tout ça… Et je dois dire tout de suite que ma Lulu n’était pas très rassurée, puisque nous nous dirigions vers les fameuses « gondolas ». Cékoidon, me direz-vous ! Il s’agit tout simplement du terme Kiwi pour désigner des télécabines. Si, si, vous savez, celles qu’on trouve dans toutes les stations de ski pour remonter au sommet de la montagne. Ici, pareil, sauf qu’on n’emmène pas nos skis et qu’on n’atterrit pas sur un joli sommet enneigé. Mais joli n’est pas un problème ici. Il suffit de respirer un grand coup et se retourner lentement pour découvrir le superbe panorama que cette (petite) prise d’altitude nous offre. Mais parlons plutôt de l’ascension, pour commencer. A la simple vue de la gare de départ des télécabines, Lulu se dit « impressionnée ». Et lorsque je lui parle de faire de la luge au sommet, c’est à peine si elle accepte. Très réticente, mais motivée, elle me suit dans le premier « œuf » qui se présente à nous et s’agrippe. Au bord des larmes, elle surmonte pourtant l’épreuve avec brio et je dois dire ici que je suis très fier d’elle ! Au sommet, un deck d’observation a été construit pour s’émerveiller devant le panorama magnifique que nous offrent la ville de Queenstown, le lac Wakatipu, le Coronet Peak et les Remarkables (station de ski qu’on aperçoit au loin)… Le mélange entre cette petite ville cosmopolite de montagne, les sommets enneigés, le lac à perte de vue et les immenses forêts de sapins est assez unique… Une sorte de Genève en plus petit, plus joli et plus unique ! Bref, je vous laisse apprécier les photos à leur juste valeur.

La suite, c’est avant tout une grosse partie de rigolade avec les non moins fameuses luges ! (Lulu ajoute que pour y accéder il faut prendre un télésiège ouvert mais pas trop longtemps alors ça va.) L’idée : des luges à roulettes (ou karts sans moteur, si ça peut vous donner une idée), avec guidon et système de freinage, deux pistes bétonnées avec forte dénivellation, virages serrés et gros potentiel de fun. On fait la première descente, assez pépère, histoire de découvrir l’engin (port du casque obligatoire) et s’habituer au parcours. La deuxième descente fut beaucoup plus excitante, à toute berzingue pour ma part, manquant de peu la sortie de piste à plusieurs reprises. Un must pour ceux que le saut à l’élastique ne tente pas ! Car côté sports extrêmes, Queenstown la sportive est bien pourvue. Saut de pont et à l’élastique depuis le haut de la « gondola », luge, parapente, parachute, parachute ascensionnel, ski héliporté, snowboard hors piste, jet boat… La liste continue. Et pour les plus tranquilles, la randonnée est également très développée. En quelques mots, donc, un très bel après-midi, ponctué de nombreuses photos, et qu’on a savamment su terminer sur une petite opération shopping.

Demain, nous quittons avec tristesse Punatapu pour aller visiter le Fjordland (enfin !). Notre hôtesse a été merveilleuse avec nous, cuisinant avec talent et on a apprécié le confort et l’espace. Un très belle expérience en Wwoofing, que nous perpétueront d’ici un peu plus d’une semaine puisque nous seront chez les mêmes hôtes, dans leur « beach house », à Dunedin. Mais, d’ici là, nous auront visité le Doubtfull Sound et effectué un nouveau Wwoofing du côté d’Invercargil (tout au sud de l’île du Sud) !

A très bientôt, donc, pour le récit de toutes ces aventures…

NB : C’est Lulu qui voulait juste faire le détail d’une soirée à Punatapu lorsque Pat et Sue reçoivent des amis. On aurait pu être mis de côté (après tout, nous sommes travailleurs officiellement pas squatteurs) et les laisser entre eux. Mais Sue voulait qu’on reste et partage avec eux l’apéritif fait de crakers (typically british), de fromages et de gelée sucrée du fruit dont on ne se rappelle jamais le nom entre la pomme et la poire). Suivent des petits plats mijotés par Pat’ inspirés de la cuisine libanaise et mexicaine puis le dessert concocté par Sue, une tarte aux noix et au sirop d’érable relevé de quelques pommes et autre gourmandises comme de la crème glacée… Le tout arrosé de vin et servi dans la salle « de réception » avec des calices en guise de verre ! La classe tout en restant simple. Le style de vie de nos hôtes pendant ces deux semaines…

1 commentaire:

Aude et Nicolas a dit…

Boohoohoo ! Des flots de larmes se déversent de nos petits yeux troublés de nostalgie !
Punatapu ! Kaz' (on l'a pesé, il fait bien plus que 45 kg le bougre ! Beaucoup plus même !), Pat et Sue et leur incroyable gentillesse, le lac Wakatipu, l'escalade de la colline (et vous avez raison, heureusement qu'il y a cette corde!)... Marcel Pagnol doit se rhabiller, les mâts de Provence fleurissent autant que les souvenirs de l'autre côté du monde !
On vous suit à Invercargill (mouais, bof !) et à Dunedin (the beer city) ! On espère que vous aurez la chance de croiser les odorants fur seals, sea lions et autres pingouins étranges de l'Otago Peninsula.
Take care.

A&N.