mardi 9 septembre 2008

Blueberry Bliss


Deux jours sans pensée. Une occasion de méditer sur les pensées passées. J’espère que nos lecteurs ont ainsi utilisé ce répit octroyé car, à en juger par le faible taux de commentaires reçus (d’ailleurs proche d’un taux zéro, ce qui constituerait un argument de poids si nous étions une banque, mais là n’est pas la question), à en juger par le faible taux de commentaires, donc, ces réflexions journalières vous laissent plutôt dubitatifs.

Une chance pour ceux qui ont fait leur l’adage du penseur qui, sortant soudain de son mutisme prolongé, s’exclamait : « Quand on a rien à dire, on se tait. »

C’était, vous l’aurez compris, la pensée du jour…


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Après avoir raccompagné Papa et Sonia à l’aéroport, les vacances étaient finies pour nous. Il était temps de retourner à notre activité principale : le Wwoofing. Nos hôtes suivants s’intitulent Don et Wendy. Ils habitent du côté d’Halswel, en banlieue de Christchurch. Pourtant, ils ne nous attendent que le lendemain (hasard de calendrier). Nous nous arrêtons donc pour la nuit chez Sally, la mère de Kate (notre colocatrice de Wellington). Au passage, on en profite pour récupérer notre plage arrière de voiture et on la remercie de nous rendre ce petit service. Ca nous évite de retourner en backpacker et, entre nous, c’est toujours plus sympa de passer une soirée avec des Kiwis. Petite anecdote, ce jour-là, la Nouvelle-Zélande a récolté deux médailles en aviron, aux Jeux Olympiques, dont une d’or… Un petit exploit retransmis en boucle sur toutes les chaînes nationales !

Le lendemain, on se « paye » une petite journée citadine. En effet, on se promène tranquillement dans le parc du centre-ville, assiste à une régate de voiliers miniatures, mange en ville (Lulu ajoute qu’on a mangé japonais dans un fast-jap’ avec les plats en plastique dans la vitrine comme au Japon !) et, pour la première fois depuis notre arrivée en Nouvelle-Zélande, nous allons au cinéma. Etonnant ! Il faut dire que ce divertissement est assez cher ici et que les prix pratiqués nous ont souvent repoussé… Mais le dernier Batman (The Dark Knight) est vraiment trop tentant. Bien nous en a d’ailleurs pris puisque le caissier, se prenant peut-être d’affection pour notre accent français, nous a accordé une réduction imbattable. Non seulement nous a-t-il fait le tarif étudiant, mais encore a-t-il omis (ou choisi de ?) de nous faire payer une deuxième entrée. Résultat, deux tickets demi-tarif réduit… ! Cool. Avec l’argent « économisé », je m’offre un petit tour dans la salle d’arcade attenante, en attendant le début de la projection. Et je découvre un petit jeu de batterie musicale (dans l’esprit Guitar Hero, pour ceux qui connaissent) des plus distrayants. Seul regret, la majorité des chansons jouables sont des tubes japonais, le reste étant d’obscurs morceaux accouchés de groupes certainement autoproduits et définitivement déplaisants. Résultat, on s’amuse sur des ovnis stéréophoniques nippons mais on n’est pas près de rivaliser avec Phil Colins.

Le film, quant lui, est digne de son succès et il me fait gentiment oublier la bouse innommable qu’avait constitué le précédent opus des aventures cinématographiques de l’homme chauve-souris. Ce n’est pas encore du Tim Burton mais on s’en rapproche. Christian Bale ne surpasse pas Michael Keaton dans le rôle de Batman, mais il fait certainement oublier les Georges Clooney et autre Kevin Bacon… Quant à Heith Ledger dans le rôle du Joker, ce n’est pas Jack Nicholson mais ça nous donne un personnage des plus intéressants. Sans mauvais humour, c’est bien dommage que l’acteur soit décédé. J’aurais beaucoup aimé le voir endosser ce rôle une seconde fois…





Mais trêve de bavardage, passons donc à nos blueberries ! Nous arrivions donc dans la famille Babe, celle de Wendy et Don. Leurs trois enfants sont grands et ne vivent plus chez eux. Quoique le petit dernier soit assez souvent de passage puisqu’il n’habite qu’à quelques kilomètres de là et étudie à l’université du coin. Enfin je dis « petit dernier », en âge il s’entend, parce qu’en gabarit, nous avons davantage affaire à un gaillard bien bâtit d’1m90. 3ème ligne au rugby, de surcroît.

La maison est assez bien conçue même si, après une quinzaine d’années, la construction n’est pas complètement terminée. Certains sols sont encore à poser et les projets d’extension ne manquent pas. Wendy et Don furent des baroudeurs pendant de longues années, traînant leurs fripes de l’Europe à l’Afrique, avant de rentrer au pays et d’y élever leurs deux filles et leur fils. Désormais, Don est comptable et Wendy s’occupe de la plantation de cassis. Avec ses Wwoofers !

Notre premier job, pourtant, n’eut aucun rapport avec ces délicieuses baies bleutées. En effet, la propriété est bordée de nombreux peupliers que nos hôtes ont planté il y a de nombreuses années déjà mais qu’ils ont décidé de tailler juste avant notre arrivée. Résultat, on s’atèle au ramassage de branches, activité qu’on peut se targuer de maîtriser à la perfection, tout comme l’arrachage de mauvaises herbes ou l’empilage du bois de chauffe. On s’active donc, les petites branches d’un côté, les grosses de l’autre. La pile de bois à brûler sous peu et la pile de bois pour l’hiver. Au volant d’un petit tracteur, Jibé fait la navette et emporte les cargaisons que lui délivrent Wendy et Lulu. Le lendemain, rebelote, mais dans le champs de la voisine. Eh oui, il serait trop simple d’élaguer les arbres avec soin et de s’assurer la chute parfaitement ordonnée des branches. On fait donc de nouveaux tas de bois, dans le champ voisin. Et on ratisse l’herbe, encore et toujours. Le surlendemain, Wendy débarque avec un broyeur de location, afin de transformer tout ça en copeaux. On nourrit donc la bête de métal et on repart pour des chargements de tracteur. Les copeaux de bois voyagent ainsi d’un champ à l’autre et se retrouvent, vous l’auriez peut-être deviné, sur une nouvelle pile. De copeaux, donc. Dernière étape de ce grand nettoyage forestier : le feu. Tout ce qui ne mérite pas le statut de bois de chauffage pour l’hiver et impitoyablement brûlé, sur le champ (vous noterez le double sens, par ailleurs parfaitement approprié). Voilà au moins un tas (de cendres) qui ne nous embêtera plus.

Notre second job peut alors débuter. Noter qu’il s’agit d’un second et non d’un deuxième. Il va s’agir de tailler les arbres (ou buissons, vu la taille et l’ampleur) à cassis de la propriété. Direction la plantation (peut-on dire verger dans pareille situation ?), sécateurs en main, pour leur coupe de printemps. Rien de commun avec ce qu’on avait pu faire auparavant. On ne taille pas ces petits comme on taillerait un pommier. Bref, nouvel apprentissage des plus plaisants et nouvelle compétence pour vos Wwoofers préférés.

Un coup par-ci, un coup par-là. On leur fait une sacrée justice. Et on élague, on ramasse, on empile (décidément !)… Et on brûle ! Une mission bien plus conséquente qu’il n’y paraissait. On n’a d’ailleurs pas pu finir la plantation, mais Wendy semblait largement satisfaite de notre œuvre au moment de se dire au revoir.





Mais ce Wwoofing fut surtout le moment pour nous de se lancer sérieusement dans la vente de notre Titine. Nous n’y reviendrons que très rapidement puisque nous avions déjà évoqué le sujet « en temps réel ». Après avoir mis de nombreuses annonces en ville, nous attendions donc le coup de fil de « l’acheteur ». Celui-ci ne venant pas, nous nous étions décidé à présenter notre bolide au Car Fair, une sorte de foire hebdomadaire à la voiture. Déception sans mesure une fois sur place ! En fait de marché aux voitures, il s’agit à peine d’un grand parking loin du centre-ville et par conséquent difficilement accessible aux acheteurs potentiels. A peine quelques indécis sont-ils venus aux nouvelles (indécis surnommés ici « tyre kickers », lesquels ne prennent guère d’informations sur la voiture, si ce n’est quelques coups de pied dans les roues sensés les renseigner sur la bonne santé des pneus).

Il n’en fallait pas beaucoup plus pour entamer un moral déjà bien bas. A ce moment, on ne pensait pas la vente de notre Titine réalisable. Pas dans l’immédiat et certainement pas dans la fourchette de prix espérée. Un peu résignés, nous la conduisons donc au Car Market de la ville. Une sorte de concessionnaire pour particuliers. Contre $20 par jour, vous pouvez y garer et tenter de vendre votre voiture. Eux ne prennent pas un gros risque, les voitures ne leur appartenant pas et nous profitons de l’emplacement. Un jour, puis deux se passent sans résultat. Même là, les acheteurs potentiels se font rares. C’est encore l’hiver et donc la mauvaise saison. Les Européens ne sont pas encore arrivés et les Kiwis sont assez réticents à la dépense, pour cause d’économie fragile.

Nous laissons donc la voiture sur place et retournons travailler sur nos cassis, dans l’attente de jours meilleurs. La semaine passe, toujours rien. Au bout d’une semaine, quelques acheteurs plus ou moins sérieux ont fait leur apparition. Mais ils semblent inexorablement attirés vers des modèles plus récents, bien que plus coûteux… Là-dessus arrive le 8ème jour et la vente inespérée (je vous laisse, si vous l’aviez manquée, vous référer au post intitulé « Vendue ! »).

L’argent en poche, nous voilà désormais roi et reine du pétrole. Bon, d’accord, j’exagère légèrement. Pas tellement si on considère les nombreuses économies que nous avons réalisé tout au long de l’année, la quantité importante d’heures supplémentaires travaillées à Wellington et le montant tout à fait correct perçu d’une vente automobile à laquelle nous ne croyions plus. C’est alors le cœur allégé que nous pensons à régler les détails suivants de la fin de notre épopée Néo-zélandaise. Et parce qu’on l’a bien mérité, on se paye même le luxe d’une chambre d’hôtel assez haut de gamme pour notre dernière journée à Auckland.

Mais avant de vous raconter tout ça, il nous faudra encore vous parler de notre Wwoofing actuel et de nos très prochaines vacances aux Iles Cook…


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Lulu ajoute quelques détails qui peuvent intéresser certains…

La première info concerne les cinéphiles. Au cours de notre séjour chez Don et Wendy, nous avons passé la quasi intégralité de nos soirées à regarder des films, dont deux « classiques » néo-zélandais. D’un côté, Sionne’s wedding est une comédie qui prend place à Auckland et qui met en scène quatre amis Samoans chargés de se trouver une fiancée pour se rendre à un mariage. Très marrant, plein de chansons et de couleurs. De l’autre, Once were warriors, moins drôle. Le film décrit la violence domestique que connaissent de nombreuses familles Maories. Le père bat sa femme, hurle sur ses enfants, fait des fiestas phénoménales jusqu’à pas d’heure et casse la gueule à des types dans les bars. Le film est déstabilisant puisque l’on passe d’une scène joyeuse où tout le monde chante et rie, à une scène de violence conjugale. La chute est triste et le film ne finit pas bien. Bref, à ne pas voir quand on broie du noir ! Et un film qui met malheureusement en images un problème récurrent en Nouvelle-Zélande. On avait eu l’occasion d’en parler avec Marianna, notre hôtesse Californienne reconvertie en psychologue.

La seconde info fera plaisir à ma petite soeurette, future vétérinaire. La voisine, chez qui nous sommes allés ramasser moult branches, possède des moutons et, en ce moment, c’est la saison des bébés ! Nous avons donc pu voir et caresser des petits agneaux jeunes de quelques heures... (cf. ci-après)




(ça nous fait une belle photo du jour, non ?)

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